Résumé
Le réseau d’accueil d’enfants autistes qui se forme dans les Cévennes à la fin des années 1970 sous les auspices de Fernand Deligny propose un regard novateur et radical sur la prise en charge de l’autisme. Se donnant pour objectif premier d’offrir un lieu de vie vivable aux enfants accueillis, le réseau repose sur l’aménagement spécifique du territoire, au plus près du mode d’être des enfants autistes mutiques, en deçà du langage. Deligny fait du cinéma un outil indispensable à cette opération de renversement. Dans la lignée des avant-gardes des années 1920, il envisage la caméra comme un outil de prospection possédant ses propres capacités d’analyse et capable de recomposer ainsi le monde. Avec l’infinitif « camérer », il donne à entendre ces potentialités du cinéma, et imagine une pratique du cinéma qui vienne soutenir cette appréhension renouvelée de ce qui peut exister hors langage pour ces enfants : des formes de lien inédites, une attention particulière aux choses et éléments, ou encore l’existence d’une corporéité primordiale. Notre article, à travers l’étude de nombreux textes et images filmées, interroge cette pensée du cinéma élaborée par Deligny et les formes cinématographiques du « corps commun » qui émerge de ce réseau d’accueil.
Mots-Clés : camérer | caméra | cinéma experimental | image | hors-langage | autisme | espaces de vie | aires de séjour | Deligny
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