Résumé
Dans « La caméra outil pédagogique » (1955), Fernand Deligny propose une approche originale du cinéma auprès des jeunes délinquants dans le cadre de La Grande Cordée, mettant en avant l’idée que ces adolescents doivent prendre eux-mêmes la caméra en main pour se réapproprier leur image et leur condition sociale. Son projet repose sur une vision matérialiste, où la transformation sociale est liée à la maîtrise des outils de production. Malgré la difficulté de réalisation, il perçoit le cinéma comme un processus pédagogique permanent, visant à restructurer la perception et l’intention des jeunes. Son approche s’inspire des travaux d’Henri Wallon et s’ancre dans un contexte d’éducation collective expérimentale. Deligny propose une synthèse pratique entre l’usage du cinéma et l’éducation de ces adolescents en difficulté. Plutôt que de limiter le cinéma à un simple dispositif de diffusion d’images, il permet aux jeunes de devenir producteurs de leur propre réalité en maîtrisant la technique cinématographique. Cela rejoint les thèses de Benjamin et Medvedkine sur l’importance de collectiviser la production des images pour transformer la perception. Les adolescents deviennent ainsi acteurs et auteurs de leur propre vie, racontée par eux-mêmes à travers la caméra. Ce processus émancipatoire fait d’eux des sujets autonomes, dépassant leur statut d’inadaptés sociaux.
Mots-Clés : Cinéma expérimental | Caméra | Adolescence | Education expérimentale | Individu | Milieu | Technique | Deligny
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